Vendredi c'est n'importe qui ! (Dr_Rorschach)

Publié le 11 Décembre 2009

Amis de la poésie, du grog et des phallus dorés, bonsoir.
Ce n’est pas une défaillance de votre ordinateur.. N’essayez donc pas de régler l’image. Nous maîtrisons, à présent, toute retransmission. Nous contrôlons les horizontales et les verticales. Nous pouvons vous noyer sous un millier de chaînes ou dilater une simple image jusqu'à lui donner la clarté du cristal, et même au-delà ... Nous pouvons modeler votre vision et lui fournir tout ce que votre imagination peut concevoir. Pendant les minutes qui vont suivre, nous contrôlerons tout ce que vous aller voir et entendre. Nous partagerons les angoisses et les mystères qui gisent dans les plus profonds abysses... au-delà du réel.

Et c'est là que l'auditorium se demande "mais qui, Nous ?" et bien Nous, ce soir, c'est Dr.Rorschach. (je vous l'accorde, ça sonne un peu schizophrène mais je me soigne)
Pourquoi suis-je là ? Pour vous faire voyager, pour vous faire rêver, vous faire imaginer au travers du CD-report (grosso-merdo : je vais vous faire un résumé purement subjectif et personnel d'un CD, et je vous emmerde) de l'excellantissime album Uroboros du groupe de néo-metal japonais DIR EN GREY qui est composé de Kyô au chant, de Daisuke et Kaoru aux guitares, Toshiya à la basse et Shinya à la batterie.
Bref historique du groupe, qui a débuté sa carrière sous le nom de La:Sadie's (oui, c'est moche et ridicule, mais ils sont japonais) en 1998. Très rapidement ils succombent à la mouvance montante qui est le visual kei (ersatz de mouvement punk qui revendique pas grand chose à part le respect de la gay pride) et deviennent l'un des fer de lance du début des années 2000 dans ce mouvement. Les fans se souviendront (avec amertume) l'album Gauze qui regorgeait de joie de vivre et de pailettes de multitudes de couleurs. Puis, la dépression, ça commence avec Vulgar en 2003 et c'est là que commence le vrai voyage musical initié par DIR EN GREY. La musique est plus sauvage mais aussi plus triste, plus représentative de la souffrance éventuelle que ressentent les membres. Puis suivra Withering to Death, excellent album qui mêle mélancolie et souffrance puis le très noir THE MARROW OF A BONE qui lui peut être considéré comme un immense cri de haine, de rage et de souffrance poussé par le chanteur Kyô. (qui veut dire grand selon le kanji employé, alors que lui même mesure pas plus de 1m56 au garrot)
Mais ce soir nous sommes là pour étudier l'album mystérieux, spirituel et très profond qu'est UROBOROS, sorti en novembre 2008.

(Les cinq cavaliers de l'apocalypse)

Piste 1 - Sa Bir : Les tambours et la basse annoncent le début de quelque chose de gros, de pas très rassurant, et d'orageux. Les murmures ne sont pas tout à fait rassurants non plus, et les quelques notes discrètes de gratte avec en fond les râles du chanteur permettent une entrée subtile mais entière dans l'univers de l'album. Au fur et à mesure de la chanson, les tambours se font plus discrets pour laisser place aux notes de guitares qui sont toujours les même, qui se repètent, comme pour représenter l'UROBOROS.


Piste 2 - Vinushka :
Certainement la piste la plus travaillée de l'album. Elle commence avec des notes très douces et très mélancoliques avec par dessus des vocalises du chanteur, puis elle enchaine de façon assez brutale sur des riffs assez rythmiques sans jamais tomber dans la chanson de metal pour pogo. Le chanteur murmure, monte dans les aigües, et parfois même parle. Puis Kyô nous démontre enfin tout le potentiel de sa voix avec un refrain particulièrement magnifique mais plein de mélancolie, de désespoir et de souffrance. Les riffs s'accelerent, le chanteur se remet à murmurer, la chanson s'arrête et Kyô murmure "koko ga shinjitsu da" ("la vérité est juste là") puis les passages mélodiques du début de la chanson recommencent. Et là, premier cri, batterie qui se transforme en tambours de guerre et riffs très opressants et très brutaux. On peut clairement entendre que ce sont les cinq membres du groupes qui growlent en même temps, puis on a droit à un passage crié très aigu du chanteur où le chanteur déverse littéralement tout ce qu'il a dans les tripes. Il recommence avec des growls extrêmement graves. Moment de calme, la tempête est passée. Kyô recommence ses vocalises sur des notes douces et apaisantes. Et là, c'est le drame, le groupe nous sort un refrain encore plus mélancolique et triste que le précédent, avec un Kyô qui transforme toute la mélancolie et tristesse de son âme en une voix pure et claire. Un nouveau cri, plus long et triste que celui en milieu de chanson, suivi de vocalises que l'on pourrait qualifier de religieuses/spirituelles tellements elles sont hautes et en harmonie avec la musique. Et là le chanteur se lâche à nouveau, déchainement, tempête, cris ... Puis, un moment de silence.. et la tempête recommence. Growls, batterie violente, riff brutaux, comme pour symboliser le fait qu'on ne puisse passer outre les tempêtes que nous impose la vie. Vinushka représente le mieux l'album car elle forme une espèce de boucle, un espèce d'UROBOROS.

(Le chanteur, Kyô, en pleine performance vocale)


Piste 3 - Red Soil :
Première surprise, après l'intro composée de riffs metal assez classiques, Kyô commence la chanson en anglais (avec son accent à couper au couteau). Les riffs deviennent plus tranchants et violents pendant un court moment puis Kyô recommence avec l'anglais. Courte intro violence pour annoncer à nouveau un passage extrêmement violent avec des growls gutturaux, à la limite de l'outre-tombe, et des riffs créés pour headbanguer. Petit moment lyrique puis là Kyô se libère du démon qui semble le posséder en marmonnant toutes sortes de bruits et cris que la bouche d'un être humain peut lui permettre, c'est la folie personnifiée. Et on recommence avec un moment extrêmement noir et brutal de la chanson, qui se cloture finalement sur un cri très court mais très aigu.


Piste 4 - 慟哭と去りぬ (Doukoku to Sarinu) :
Beaucoup de batterie dans cette intro, le chanteur murmure à nouveau, riffs assez inquiétants et oppressants puis passage de growl et de cris très violents un peu dans la lignée de Red Soil. Puis un passage très ressemblant à l'intro de la chanson, suivi d'un passage lyrique à la voix claire extrêmement beau sans tomber dans le gai ou le joyeux, suivi d'un très guttural growl. A nouveau, un passage où les cris aigus et les growls violents se mêlent comme pour créer une tempête émotionnelle. A nouveau, un passage lyrique encore plus triste et poignant que le précédent, avec en fond des cris venant des tripes de Kyô. Une alchimie étrange entre lyrisme du chant clair et des cris, comme un duel entre les deux pour voir lequel pendrait le contrôle de Kyô. Et finalement, ce sont les growls qui l'emportent, ce qui ouvre la porte à un nouveau passage de growls et de violence. La chanson se finit brutalement sur les riffs des deux guitaristes.



Piste 5 - 蜷局 (Toguro) :
La chanson commence avec des riffs assez lourds des deux guitares, de nouveaux murmures et râles du chanteurs. Puis il se met à chanter et sa voix se fait douce, jusqu'au refrain où la seconde guitare arrête ses riffs pour une très jolie mélodie comme pour amplifier le chant mélancolique de Kyô. Les riffs lourds s'arrêtent pour laisser place à des notes isolées, suivi d'une longue vocalise du chanteur qui se transforme presque en cri sur la fin. Petit moment de murmure et de calme, et à nouveau le refrain extrêmement triste et touchant se fait entendre mais avec une intensité presque deux fois supérieure au précédent, comme si quelque chose avait changé entre le premier et celui ci ou simplement Kyô qui s'ouvre plus. La chanson se finit brutalement sur des notes aigües de la voix de Kyô.


Piste 6 - Dozing Green :
Intro assez inquiétante suivie de riffs orientés très metal, beaucoup de rythme, très entrainant. Puis à nouveau comme dans les chansons précédentes on passe par un moment de calme et de murmure, avec des notes isolées. Premier refrain : on a l'impression que c'est l'apothéose, que c'est tout ce que Kyô peut nous envoyer dans la face comme sentiment. Long moment de calme, la batterie se fait assez discrète, on entend en fond une guitare. Puis des murmures et un long cri très poignant qui parait sortir du fond de l'âme de Kyô lui même. A nouveau le schéma de la chanson se répète : moment calme, semblant de refrain, riffs assez discrets. Et là, c'est le "drame". Moment de quasi-silence, on entend tout juste Kyô murmurer, suivi d'une série de trois cris très aigus et très agressifs mais aussi très poignants, directement enchainés par la phrase "love me, abandon hope" growlée deux fois et finalement la chanson s'arrête brutalement sur des marmonnements incompréhensibles du chanteur.

(A nouveau le chanteur durant un live)


Piste 7 - Stuck Man :
Cette chanson pourrait se résumer en un seul mot, l'angoisse. L'intro est assez entrainante mais aussi très inquiétante. Des riffs assez classiques puis Kyô se met à parler de façon assez étrange, en alternant les aigües et les graves, puis se met à nouveau à growler assez violemment avec le même rythme que les riffs de  guitare. Répétition du début de la chanson, alternance aigue/grave qui renforce le sentiment d'inquiétude dans la chanson, et à nouveau un passage growlé. Et là, c'est l'apothéose, le climax de la chanson. Une alternance entre notes de guitares très oppressantes et angoissantes et batterie rythmique qui dure la moitié d'une minute, le temps de faire monter notre angoisse puis Kyô lache toute sa folie avec des "shut up !" très aigus suivis de growls très graves et de marmonnements incompréhensibles, pour finir sur un cri digne d'un animal qu'on torture sur fond de riffs finalement assez classique de metal.


Piste 8 - 冷血なりせば (Reiketsu Nariseba)
: La chanson pourrait être considérée comme étant la continuation de Stuck Man puisque la fin de celle-ci annonce très bien le début assez glauque et inquiétant de Reiketsu Nariseba, les deux chansons s'assemblent à la perfection. Mais par contre, Reiketsu Nariseba a des passages plus violents entre les moments de folie et d'angoisse, et ce, jusqu'au milieu de la chanson. Puis, moment de quasi-silence un peu comme dans Dozing Green, on entend juste de très loin quelques notes de guitares et de basse puis Kyô nous fait une démonstration de voix des plus remarquables, où il monte de plus en plus haut dans les octaves. Ce passage déborde d'énergie spirituelle, on pourrait comparer la longue vocalise de Kyô à une sorte de prière (dans le dvd Feast Of V Senses, Kyô va même jusqu'à lever un bras au ciel avec la main tendue comme s'il attendait une réponse) qui se transforme peu à peu en cri de détresse... Puis là c'est la chute. Kyô s'énerve, il a la rage, personne ni rien n'a répondu à son appel de plus en plus désespéré. Les membres du groupe se déchainent, passage très brutal, des riffs lourds et répétitifs, et des growls intenses. La chanson se finit sur un long cri aigu (dont on peut entendre l'echo) suivi d'un petit growl discret.

(Le bassiste, Toshiya, qui dans les lives est à mi-chemin entre l'autisme et l'hystérie)


Piste 9 - 我、闇とて・・・ ( Ware, yami tote... )
: Des murmures, des notes calmes, lentement on pénètre dans le tunnel faible en lumière qu'est Ware, yami tote. Puis la voix du chanteur s'élève petit à petit, au fur et à mesure de la chanson, jusqu'à retomber dans un moment de calme comme dans l'introduction. A nouveau le cercle (ou l'UROBOROS ?) se répète : des notes douces, un chanteur qui chante très doucement, puis il élève à nouveau sa voix progressivement mais beaucoup plus haut que la précédente fois, on peut même sentir quelques tremblements dans sa voix. Passage de riffs rythmiques, avec la batterie en compagnie, suivi d'un petit passage mélodieux et Kyô reprend sa voix où elle s'était arrêté la fois précédente et nous fait monter encore plus haut, dans une espèce d'élévation spirituelle très touchante et très entrainante, il enchaîne ensuite avec des vocalises et un très long cri de souffrance. Les guitares continuent de jouer indéfiniment les mêmes notes depuis plusieurs minutes et la chanson se termine sur ces notes qui baissent de volume doucement.


Piste 10 - BUGABOO :
La chanson ressemble étrangement à un mélange entre Red Soil et Reiketsu Nariseba, l'intro est elle aussi très inquiétante, mais est brutalement coupée par des riffs lours et tranchants et des growls extrêmements graves. Une vocalise aigüe résonne au milieu de ces growls de violence, comme une petite lumière au milieu de la noirceure de la chanson. Ensuite vient un moment qui pourrait s'apparenter à l'intro, suivi à nouveau, d'un passage de violence. Par la suite, on entend vaguement Kyô murmurer, pour se mettre ensuite à chanter avec une voix presque cassée et avec beaucoup de tremblements et pour finalement enchainer avec des growls alternés avec des cris aigus. La chanson se termine sur la superposition d'un chant clair et de growls du chanteur suivi de notes mélancoliques et d'un Kyô qui déverse toute sa tristesse avec une voix très haute.

(Un démon musical)


Piste 11 - 凱歌、沈黙が眠る頃 (Gaika, chinmoku ga nemuru koro) :
Intro très douce, à la limite du progressif puis on change d'univers, on traverse violemment une barrière pour arriver dans un monde qui est lui à la limite du speed metal avec des riffs très rapides et des growls bien gutturaux qui durent jusqu'à la moitié de la chanson. Cette chanson est un immense défouloir, un peu de la même manière que certaines des chansons précédentes, elle a une âme noire et est pleine de rage et de violence, voire même de rancoeur. Puis Kyô, sans crier gare, se met à chanter un refrain clair avec en fond parfois des cris, puis retombe à nouveau dans les passages violents, speed et growls. A nouveau le cycle se répète, nouveau refrain très haut et clair avec en superposition une voix plus cassée qui donne une impression d'harmonie parfaite, malgré la violence qui entoure ces passages notemment au travers des cris puissants qui suivent ce passage pour finir sur des l'echo des dernières notes de guitares.


Piste 12 - Glass Skin :
Les premières notes de piano pourraient résumer à elles seules toute la chanson : douce, pure, mais aussi remplie d'une profonde tristesse. Aucune violence dans cette chanson, uniquement de la pureté, du blanc, des chants clairs et plein de tristesse. Une batterie qui ne se fait pas violente, mais au contraire très discrète, pareil pour la basse et ce jusqu'au refrain où à nouveau Kyô laisse sa voix littéralement s'envoler dans les cieux mais malheureusement sa tristesse et la mélancolie encrée dans son âme l'empêche de s'envoler lui aussi, il se dégage malgré tout un peu d'espoir de ce refrain, contrairement au reste de l'album qui est très noir, cette chanson pourrait être considérée comme très pure, donc blanche. Le blanc par définition, est l'absence de couleurs. Et le noir la surcharge de couleurs. Dans cette chanson on a l'impression que Kyô nous chante les cicatrices que son coeur a pu subir dans sa vie, et à nouveau il laisse sa voix s'envoler puis il laisse la chanson se finir sur les douces et poignantes notes de guitares.


Piste 13 - Inconvenient Ideal :
Cette chanson pourrait s'apparenter à une version plus travaillée de Glass Skin, je la considère comme la seconde meilleure chanson de l'album. Comme dans la précédente, des notes de guitares très douces, un Kyô pas du tout violent ou agressif, beaucoup de calme mais aussi beaucoup de tristesse et ce pendant la majeure partie de la chanson. Puis un petit passage avec des riffs, sur un fond de mélodie extrêmement triste, puis la chanson reprend le cycle précédent avec des notes douces et la voix claire du chanteur. Et là c'est l'apothéose de l'album, tout s'envole, tout tourne autour de la voix de Kyô, il n'en peux plus, il chante d'une voix parfaitement claire et en parfaite harmonie avec le reste de l'instru de la chanson son plus profond désespoir. A nouveau recommencent les notes timides de guitares et Kyô commence une longue vocalise qui s'amplifiera et qui sera ensuite suivie de growls (ceux de Toshiya cette fois ci), et là un court cri qui arrive comme un couteau dans le coeur de l'auditeur. Nouveau refrain, mais comme dans Glass Skin, Kyô pousse sa voix encore plus haut et les gens sensibles musicalement ne pourront s'empêcher d'avoir une larme à l'écoute de cette démonstration magnifique de voix tellement poignante, et la chanson se termine sur les notes de guitares qu'on entend depuis le début de la chanson.

(Kaoru, le guitariste, toujours très posé et calme même pendant les chansons les plus violentes)


Bilan :
UROBOROS est une vraie perle musicale, un album très interessant à écouter mais aussi très éprouvant, on en ressort pas indemne. C'est un mélange entre spiritualité et noirceur, une harmonie parfaite. Un album à écouter de toute urgence car c'est l'un des meilleurs albums qu'il m'ait été donné d'écouter dans toute ma vie.



(PS : Si vous avez des questions ou des critiques, faites le par commentaire.)





Rédigé par Dr_Rorschach

Publié dans #N'importe qui

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
<br /> Jp > Paris Hilton, c'est mieux.<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Quel article de merde...Maxens ma petite soeur veut écrire un article sur lori pour la prochaine fois, t'es ok ?<br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> Plupluchan > j'espère que tu écoutes la version japonaises, les versions anglaises sont juste horribles.<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> Sur la fin de la piste 2 ;) (le mot est écrit à deux reprises de cette même manière)<br /> Et voilà, sinon, j'écoute le cd en question ^-^<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> Merci a Dr_Rorschach pour cet article !<br /> <br /> <br />
Répondre